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FONDATION CARTIER POUR L’ART CONTEMPORAIN
SOIREE NOMADE
LUNDI 2 DECEMBRE 2013
Le critique d’art Paul Ardenne présente la Soirée Nomade consacrée à Fred Forest avec la participation de Ruth Erickson, membre de l’Institute of Contemporary Art de Boston.
Neuf extraits des vidéos historiques de Fred Forest sauvegardées par l'Ina ont été présentés
1) Ouverture des mass media
*Space media sur la télé (1972)
*La photo du téléspectateur (1976)
*La bourse de l’imaginaire (1982)
2) Sociologique, sociale, engagé, la participation
*Le blanc envahit la ville (1973)
*Promenade sociologique à Brooklyn (1973)
*Les miradors de la paix (1993)
3) Technologies de la communication
*Archéologie du présent (1973)
*Télexpérience (1975)
*Mètre carré /Le territoire (1977)
Cette soirée méritait, affirme l’artiste, d’être prolongée par quelques réflexions. En effet, j’ai chaque fois dans les mêmes circonstances, j’ai vécu le sentiment de n’avoir pas dit tout de l’essentiel de ce que j’avais à dire, et quelquefois d’avoir manqué de clarté dans mes propos.
je reviendrai ici sur cinq points qui me semblent essentiels:
1- Le choix du programme de cette Soirée Nomade ayant appartenu aux organisateurs, j’ai du m’y conformer. Un programme fondé exclusivement sur la présentation de travaux désormais devenus historiques sauvegardés par l’Ina, datant d’une quarantaine d’années. Des travaux ayant du subir plusieurs reconversions de formats (de la bande 1/2 pouce au Portapack Sony, à l’UMATIC puis... au numérique) des travaux qui ont du être stockés dans ma cave dans des conditions précaires des années durant dans l’indifférence des institutions Françaises un silence assourdissant à mes appels pour procéder à cette sauvegarde. Cette sauvegarde, je la dois à un seul individu, Gilbert Dutertre, et à lui seul, qui au sein de l'Ina s’est employé inlassablement à faire remonter l’information dans sa hiérarchie, jusqu’au moment où il a obtenu gain de cause.
Toujours est-il que ces vieilles bandes en partie altérées que certains viennent de voir, représentent un passé historique qui ne me définit nullement. Elles représentent uniquement une époque de ma vie que j’ai laissée derrière moi depuis. Car m’a pratique artistique n’a eu de cesse de se développer en fonction des avancées technologiques comme l’a fait remarquer ici même Paul Ardenne.
2- L’élément de langage que je retiens émis en premier sur mon travail par Paul Ardenne, puis repris par Ruth Erickson, c’est celui de la référence faite au web 2.0 . Une référence dans laquelle je me retrouve entièrement dans le dispositif original d’interaction, de communication, de participation et de simulation, mis en œuvre dans le projet présenté du Territoire du m2
http://webnetmuseum.org/html/fr/expo-retr-fredforest/actions/22_fr.htm#text
En effet mes actions sont liées pour la plupart à la notion de participation dès 1967 et de réseau, de mises en relation, de systèmes. dès 1977 et l’on pourrait dire, sans abus de langage, qu’il s’agissait là de FaceBook avant que FB n'existe..
3- La notion d’œuvre fut abordée dans le public par François Rabaté au cours de cette soirée. Cette notion d’œuvre telle qu’elle a prévalu des siècles durant, sans être encore totalement obsolète, est en passe d’ajustements drastiques. Est-ce que cette notion est encore pertinente quand elle ne se traduit que par des traces sous formes photographiques ou vidéographiques, ou de traces d’événements ponctuels ? Est-ce que les œuvres qui méritent encore ce nom, sont des objets concrets qui ne peuvent que s’incarner sous des formes dument “ objectales “ qu’on peut toucher par exemple de la main ? Certes oui à mes yeux, il ne faut surtout pas confondre le support avec le contenu symbolique qui est véhiculé par ce dernier. Léonard de Vinci disait déjà que l’art est "causa mentale " et vouloir nier cette idée serait nier l’existence même de l’Art conceptuel et, de surcroît, les formes d’art émergentes qui suivent les changements culturels de nos sociétés toujours vers une plus grande dématérialisation.
http://www.cuberevue.com/l-art-causa-mentale/1361
4- Autre élément de langage sur lequel j’aimerai revenir en prolongeant le point précédent, émis depuis la salle avec pertinence par Manuela Manzini: celui de " réactivation " pour redonner à des œuvres-traces leur moment premier d’authenticité en les rejouant en quelque sorte, ou en les faisant rejouer, comme l’a fait Marina Abramovic. Si nous imaginons traditionnellement et uniquement les œuvres d’art comme des objets physiques, qu’en est-il de la richesse immersive dans laquelle nous plonge un DVD de Bill Viola ou un roman de Stendhal, représenté par un paquet de feuilles de papier pesant 650 grammes ?
5- Dans cette manipulation de formes et de...traces pour produire du sens, l’artiste n’est pas seulement un animateur au sens courant du terme. ll est avant toutle créateur d’un dispositif original qui fait entrer (en les animant) les autres (dans le meilleur des cas...) dans son propre concept afin de contribuer à créer du sens avec eux.
CQFD ^ |