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PERFORMANCE DE FRED FOREST CENTRE GEORGES POMPIDOU
LES FORUMS DE SOCIETE
VIDES, LE SYMPOSIUM
En lien avec l’exposition” Vides. Une rétrospective ”Centre Pompidou
Mercredi 25 février, 19h30. Petite salle
Présents sur le plateau: Laurent Le Bon, Conservateur du MNAM, Robert Barry, Françoise Bonardel, Bethan Huws, Roman Ondâk et les commissaires de l’exposition John Armleder, Mathieu Copeland, , Gustav Metzger, Mai-Thu Perret et Clive Phillpot
Dans la salle : Bernard Blistene, Roger Rotmann, Christine Bolron, Anne Moeglin-Delcroix et 200 personnes environ
“ J'ai une proposition à vous faire.(Murmures dans la salle) Long silence appuyé de sa part. Puis : "Je vous demande de consulter vos montres. Vous constatez : Il est 20h50 très exactement. Dans dix minutes, tout au plus, cette salle va se vider. Individuellement ou par petits groupes les personnes présentes vont remonter vers la sortie, par les deux allées latérales. Il sera environ 21h05 ? Silence. Je vous demande d'imaginer ce qui va se passer, ici même, dans ce lieu. Silence. Les lumières de cette salle vont s'éteindre, une à une, et dans la salle, enfin vide de tout public, il ne restera plus que les allées et venues du responsable de la régie rangeant son matériel. La salle sera maintenant complètement noire et les fauteuils vides de votre présence antérieure. D’un regard circulaire rapide, jetant un dernier coup d’œil à la salle vide, le responsable de la régie sortira et refermera sur lui les portes du petit auditorium à double tour.
Quand vous serez rentré chez vous (empruntant différents moyens de transport), à 23 heures (à 23 heures très précises pour une raison importante de synchronie à distance entre vous) je vous demande de penser alors, tous ensemble, à cette salle. A cette salle vide de toute présence dans son état contingent, C'est-à-dire une salle sans plus aucune présence humaine. Une salle plongée maintenant dans le noir et le silence absolu. Un volume qui n’en existera pas moins, en dehors de notre perception, C’est ce volume, ce vide que je vous demande d’imaginer alors. Silence. Cela demande bien sûr un petit effort mental de votre part. Silence. Je vous crédite d’en être capable. Je vous crédite dans être capable car votre présence, ici, pour assister à ce symposium sur l’exposition du vide, atteste déjà, de votre capacité supposée à appréhender ce que le vide signifie chez Yves Klein ou chez Robert Barry. Chez Yves Klein, qui n’est pas, ici, car comme chacun sait, il est mort déjà depuis 1962, et chez Robert Barry, par contre, ici présent, derrière mon dos sur le plateau des invités. (geste rapide)
Maintenant, quelques remarques pour conclure cette performance que je viens d’improviser. Vous venez d'assister, sans le savoir, à une exposition sur le vide. Une exposition à l’égale de toutes celles qui on été citées ici au cours de ce symposium. Une exposition dont je me trouve être, par le fait de ma seule volonté, à la fois : l'artiste, le scénographe, l'organisateur et le curateur. Cette exposition a eu pour lieu d’exposition une salle du Centre Georges Pompidou au même titre que l’exposition sur le vide présentée au quatrième étage. Une occupation de salle, dont je n'ai eu aucune autorisation administrative ou budget à solliciter. Le vernissage se passe donc, ici même, en ce moment, en la présence de nombreux acteurs institutionnels et artistes de l'art contemporain comme vous le constatez. Des personnes que je n'ai même pas eu l'obligation d'inviter, le Centre Georges Pompidou s'étant charge de le faire pour moi. Merci à tous pour votre présence au vernissage de mon exposition ”.
Applaudissements de la salle
Immédiatement après, Roger Rotmann et Laurent Lebon rappelleront le nom de Fred Forest, après avoir prononcé quelques phrases inaudibles, clôturant rapidement le symposium.
Françoise Bonardel, philosophe des religions et spécialiste du bouddhisme, également présente sur la plateau comme intervenante invité au débat, viendra féliciter Fred Forest, regrettant de ne pas pu prendre la parole après son intervention qu’elle a jugé quant a elle, selon ses propres termes, comme le moment le plus important de la soirée… ^ |