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04/03/2007
1ere BIENAL INTERNATIONAL DEL FIN DU MONDO, USCHUAIA , PROJET FRED FOREST, TIERRA DEL FUEGO
PROJET FRED FOREST
Bienalfindelmundo 29mars/29avril 2007
LA SENTINELLE DU BOUT DU MONDE
Message d'alerte lancé à l'humanité depuis la Terre de Feu
target=_new>http://www.fredforest.org/ushuaia
Apres ses actions récentes au Bresil et aux Etats Unis, l'artiste multimedia, Fred Forest, pébliscité par des institutions culturelles de plusieurs pays d'Amérique Latine, intervient en solo, seul artiste fançais retenu pour cette manifestation Internationale. Son action se réalise à Uschuaia en Patagonie, dans le cadre de la 1ere Bienal International del fin del mundo célébrant l'année polaire.
Connu et reconnu pour son esprit critique, Fred Forest incarne pour ces pays neufs, par son indépendance d'esprit vis-à-vis du marché de l'art contemporain officiel, une catégories émergente d'artistes qui refuse les compromissions avec son système. L'ambition de Fred Forest s'est de faire des artistes de nouveaux acteurs emblématiques dont le but est pacifier le monde et de lui redonner du sens.
Sous le titre de "Sentinelle du bout du monde", un phare, doté de multiples moyens de communication, implanté en mer, au large de la terre de feu, face en l'Antarctique, va lancer des signaux électroniques de détresse, pour alerter le monde des dangers que la folie aveugle des hommes lui fait courir: destruction des especes, gaspillage des rerssources naturelles, pollutions, violences, fanatismes, intégrismes, terrorismes, disparités économiques, omnipresence de pouvoirs mafieux grangrénant les démocraties, obsolescence du politique et de l'éthique. La " sentinelle du bout du monde ", dressée entre le ciel et la mer, entre la terre de feu et la glace des banquises,. diffuse de façon inlassable ses ondes. Des ondes dont les flux bénéfiques enveloppent la planéte d'un voile léger. Un voile dans lequel on voudrait voir s'incarner et s'identifier les signes précurseurs d'une conscience nouvelle. Une conscience, une intelligence, une sagesse, en émergence, afin que l'humanité à la faveur de cette crise qui la traverse, passe enfin à un stade supérieur de son évolution individuelle et collective, en ce début du troisième millénaire. Pour Forest, changer le monde commence par se changer soi-même, sans écologie de l'esprit, l'écologie traditionnelle classique ne reste qu'un vain mot, instrumentalisé par les politiques, les scientifiques, l'industrie, et bientôt sans doute le commerce….
CONCEPT
Comme une "sentinelle postée au bout du monde ", le phare de l'espérance, lance un appel pour sauver le monde de sa disparition programmée. La race des hommes qui se croyait supérieure à celle de toutes les espèces vivantes de la planète pousse le monde à sa propre perte par ses inconséquences : réchauffement climatique, pillage des ressources naturelles, conflits religieux et raciaux, intolérance, fanatismes, violences en tous genres, génocides, terrorisme, disparité des conditions de vie, progression du sida, faminesn course à l'armement, menaces économiques, scandales financiers gaspillages généralisées, alors que la faim frappe des populations entières…
" sentinelle du bout du monde ", dressée entre le ciel, la mer et la terre, lance son message de sagesses et d'intelligence pour que les hommes, enfin dans un dernier sursaut, se ressaisissent.
La technologie qui va cesser, là, d'être un objet de surveillance, d'oppression et de mort, va permettre à la " sentinelle du bout du monde ", d'émettre des ondes " positives ". Des ondes qui vont balayer la planète de long en large, d'une. façon lumineuse et sonore pour éclairer nos esprits Chacun pourra exposer son corps à ces ondes aux flux bénéfiques en allumant son ordinateur, quelque soit sa position en latitude et longitude, le lieu géographique ou le pays de connexion sur toute la terre, Gaïa ,notre mère à tous
MISE EN ŒUVRE
1-En haut de ce phare (voir la photo) d'une façon symbolique est installé un émetteur d'ondes courtes, qui diffuse une message en boucle, enregistré en plusieurs langues
2- Un site Internet est crée par Fred Forest qui permet la diffusion mondiale de ce message. Message illustré par l'image de ce phare, sorte d'entité mythique, entre le ciel et la terre, baptisé : " La sentinelle du bout du monde ". Par un graphisme animé qui se superpose à la photo, des ondes concentriques mobiles, émanent de la partie supérieure de cette figure-totem dressée dans le ciel. Les messages sonores sont diffusées en même temps que l'image sur le site. Un bouton interactif permet de déclencher les ondes et, un autre, de déposer des messages dans ses urnes.
INSTALLATION IN SITU
a) Un'émetteur radio, ondes courtes, type radio amateur, est installé en haut du phare (light-house) et diffuse un message sonore en boucle. Cette diffusion est aussi relayée en podscast sur Internet
" MESSAGE AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE: NE RESTEZ PAS ENFERMES DANS LA PRISON DE VOS PROPRES PENSEES ET COMPORTEMENTS "
b) Dans la prison d'Ushuaia, dans une des cellules désaffectées, sont installés : un PC + une connexion Internet + un grand écran digital (cet équipement permet aux visiteurs de se rendre sur Internet pour consulter et participer sur le site) http://www.fredforest.org/ushuaia
OBJECTIFS
-Réaliser une action artistique symbolique et planétaire utilisant les nouvelles technologies et mettant en relation des stations du pôle Nord et du pôle SUD à partir de la Terre de Feu
- Cette action, comme c'est toujours le cas dans le travail de Fred Forest, est une action critique, voir politique, et pose la question dans l'urgence d'agir pour le devenir de notre planète.
- La sentinelle du bout du monde mise en place lance inlassablement un message de raison, d'intelligence, de sagesse et de solidarité. Ce message est diffusé d'un lieu exceptionnel du bout du monde (Ushuaia), où sont réunis, à la fois les quatre éléments naturels : Le feu et la terre (terre de feu), le ciel, la mer et.…l'électronique.
Une fois l'installation en place, l'artiste active la communication sur Internet pour en faire un événement au retentissement international positif.
FOREST NOUS DIT : " LA PRISON N'EST QUE DANS NOTRE TËTE. NOUS SOMMES PRISIONNIERS DE NOS COMPORTEMENTS SUICIDAIRES ET CONSUMERISTES QUI NOUS POUSSENT A DETRUIRE LES RICHESSES NATURELLES DU MONDE. LES SOLUTIONS NE SONT NULLEMENT SCIENTFIQUES, IL S'AGIT D'ABORD POUR SAUVER LE MONDE DE COMMENCER PAR L'ECOLOGIE DE NOTRE PROPRE ESPRIT. C'EST SUR CE TERRAIN QUE LES ARTISTES DOIVENT AGIR DANS LE TROISIEME MILLENAIRE, ET NON DANS LE SYSTEME PERVERTI DU MARCHE DE L'ART ET DE SES INSTITUTIONS COMPLAISANTES "
En sa qualité d'artiste pionnier échappant aux diktats du marché de l'art depuis toujours, et en sa qualité d'artiste théoricien, se positionnant toujours en première ligne par son esprit critique, Fred Forest a fini, à force de persévérance par occuper une place centrale dans l'art contemporain. C'est aujourd'hui, aussi bien l'Amérique du Nord (son happening planétaire avec la Bass Muséum de Miami en décembre 2005 pour Art Base Miami Beach, sa rétrospective à la Slought Foundation de Philadelphie en février 2007), que l'Amérique latine (Prix de la communication de la XII Biennale de Sao Paulo 1973, ses actions Biennale 2000 au MAC en 1975, sa rétrospective au Paço das Artes ainsi que sa Biennale critique de l'an 3000 au MAC en 2006) qui lui accordent une place privilégiée. Il est certainement l'artiste contemporain européen vivant le plus célébré et adulé au Brésil. Et cela, toujours en marge d'un système de l'art officiel dont il n'a cure.
Et pour conforter cette position, voilà qu'au même titre que les artistes argentins et brésiliens, il est maintenant invité à participer à la Biennale du bout du monde (Bienalfindelmundo) Cette Biennale est organisée conjointement sur la Terre de feu par la cité d'Ushuaia, la Fondation des arts de Patagonie et la Fondation Mémorial del Parlemento Latino-americain de San Pablo. Une manifestation qui a pour objet de créer un musée technologique des arts polaires. Cet événement vise à réunir par différentes actions artistiques les extrêmes que sont le Pôle Sud et le Pôle Nord, avec un axe reliant des stations électroniques entre Ushuaia et des équipements en place au Nord du Canada et de la Finlande. Fred Forest, notre artiste de la communication, ne pouvait pas rêver mieux pour mettre en jeu ses talents et ses appetitis !
Fred Forest ne pouvait pas rêver mieux que d'imaginer cette ligne invisible. Une ligne qui relie les banquises du sud aux banquise du Nord, pour soudain, par la magie des réseaux, la recomposer à l'infini, en multiplier les tronçons et les fragments, en faire une toile au nœuds serrés. Des nœuds indissociables les uns des autres. Des nœuds par lesquels transitera de façon planétaire le flot continu d'une irrigation de sens collective.
L'humanité, plus que jamais, a besoin de sens et de sagesse pour postuler au troisième millénaire, pour postuler à une phase supérieure de son évolution, si l'on veut bien croire ou espérer que cette marche ascendante fait partie de son destin. Si cette lente marche chaotique à travers les âges a pour visée, ou pour utopie, d'accéder un jour à un état quasi spirituel de sa condition. Un état de nos humeurs (au sens propre et figuré) où il n'y aurait plus antinomie entre les avancées des sciences et l'équilibre tranquille de notre logos intérieur.
CHANGER LE MONDE EN COMMENCANT PAR SOI-MËME
La première des écologies, c'est d'abord celle de l'esprit et de l'intelligence, qui seule pourra nous rendre conscient des dangers imminents que nous avons nous mêmes crées, afin que soient assurées les conditions minima de notre propre survie
Durant toute la durée d'un temps éternel. Un temps que peut avoir l'énergie positive du monde et sa sagesse ancestrale, le phare d'Ushuaia, posté comme une sentinelle du bout du monde, va diffuser inlassablement ses signaux du pôle Sud au pôle Nord. Cette progression va se faire selon des lignes flexibles et mouvants d'ondes, qui vont se multiplier à l'infini, et finir par envelopper la planète toute entière d'un voile invisible. Ce voile, tissé par l'expression collective des internautes et des hommes de bonne volonté, sera comme le vêtement léger d'un chaman aux pouvoirs électroniques. Un vêtement qui nous protègera désormais des tentations mortifères qui sont celles d'une civilisation du bruit et de la fureur, de la pollution, de la violence, des famines indignes, du terrorisme, des fanatismes en tout genre, du pillage systématique des richesses naturelles.
Le phare que vous pourrez faire émettre, vous-même, d'un ou de deux cliques de la main, répétera, inlassablement, un message. Un message qui se démultipliera de proche en proche sous la voûte céleste
" MESSAGE AUX HOMMES DE BONNE VOLONTE: NE RESTEZ PAS ENFERMES DANS LA PRISON DE VOS PROPRES COMPORTEMENTS, INCONSEQUENTS ET CRIMINELS, SAUVEZ D'URGENCE NOTRE PLANETE!
(L'installation in situ de la sentinelle du bout du monde comprend le phare d'Ushaia, + une cellule de la prison d'Ushuaia, dans laquelle les visiteurs pourront consulter notre site Internet pour mettre en fonction ses émetteurs et déposer leurs messages.
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24/02/2007
PHILADELPHIE MARCEL DUCHAMP ET FRED FOREST DANS UN SUPER-MARCHE
SLOUGHT FOUNDATION
8 fevrier 2007 Philadelphie
Fred Forest pour son exposition retrospective a la slought Foundation a réalisé une installation utilisant un coffre-fort et un authentique Duchamp prêté par Osvaldo Romberg. Une gravure de Duchamp que lui avait confié Arturo Schwarz. Il a egalement promené au préalable ce Duchamp de long en lagre dans un caddie avec ses achats dans un super-marché à la périphérie de Philadelphie. Par la suite il a fait enfermé cette oeuvre de Marcel Duchamp dans un coffre-fort monumental sur le lieu de son expostion. C'est un huissier qui apres avoir déposé l'oeuvre à l'intérieur du coffre pour la duree de l'exposition et apposé les scellés sur la porte, a rédigé un constat officiel un constat officiel.
Autrement dit Fred Forest donne à voir dans sa rétrospective un coffre-fort dans lequel se trouve un authentique Duchamp que personne ne verra jamais au cours de cette exposition. L'intention de l'artiste est claire. Elle consiste d'une façon ironique et parodique à signaler comment les oeuvres d'art sont converties en objet de spéculation et financiern alors que leur valeur première leur valeur de jouissance et de connaissance se trouve purement et simplement occultée.
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16/01/2007
LECTURE FRED FOREST MAISON FRANCAISE NEW YORK UNIVERSITY MARDI 30 JANVIER 2007
" L’ŒUVRE-SYSTEME INVISIBLE ou O_S_I "
" Prolongement historique de l’Art sociologique, de l’Esthétique de la communication et de l’Esthétique relationnelle "
Fred Forest , Ed. L’Harmattan, Paris 2006
par Louis-José Lestocart
(ce texte a été publié à l'origine par le MCX Programme Europeen sur la modelisation de la complexité dirigé par Edgar Morin)
CETTE CONFERENCE DE FRED FOREST SERA DONNEE EGALEMENT A LA PENN UNIVERSITY ET A LA CONNECTICUT UNIVERSITY LES 3 ET 8 FEVRIER
L’œuvre d’art (peinture, installation, sculpture ou vidéo), objet faisant appel à des perceptions surtout visuelles et sonores et restant " délimitée " par ses supports matériels, semble être devenue impropre à traduire le monde sans cesse en mouvement et en mutation qui nous entoure. Fred Forest, universitaire et artiste de la communication, nous assure qu’il peut exister des œuvres(œuvres-Systèmes-Invisibles) qui soient des " champs de forces " en activité. S’il existe un monde physique de l’invisible pouvant être constaté, quantifié à l’aide de certains instruments, il existe également, selon lui, une possibilité de connexion avec des forces et des énergies élémentaires qui font de nous-mêmes un champ d’ondes en pulsation continue, décidant d’états particuliers d’être-au-monde. Paul Valéry dans les Cahiers et L’introduction à la méthode de Léonard de Vinci (1895), invoque ainsi les lignes de force de Faraday pour l’œuvre d’écriture et de construction du Moi et se rapproche de ce qu’affirme Vinci : " L'air est rempli d'infinies lignes droites et rayonnantes, entre-croisées et tissues sans que l'une emprunte jamais le parcours d'une autre, et elles représentent pour chaque objet la vraie FORME de leur raison (de leur explication). " Si la pensée de " forces " dans l’Histoire de l’art n'est pas neuve -, dans les mouvements comme Dada (fin des années 10-début années 20), et sa survivance Fluxus (début des années 60), des œuvres-événements " processuels " (happenings) préfigurent les œuvres-Systèmes-Invisibles-, elle reste d’actualité et promet une vision renouvelée.
Influencé par l’esthétique du flux de Mario Costa, co-fondateur avec lui du Mouvement International de l'Esthétique de la Communication (1983), Forest définit l’œuvre-Système-Invisible (O-S-I) comme " architecture d’informations, flux spatio-temporel, procès de fréquences électromagnétiques, faisceaux d’ondes, d’origine physique, ou animale, œuvre cognitive et manipulations d’images mentales sans support physique. "1 Cet art caché, au-delà des apparences et de ce qui se donne à voir, se fait aussi d’énergies psychiques et de systèmes de sensations. Divers éléments sous-tendent l’O-S-I, au sein d’une Réalité Sensible formée elle-même de divers niveaux (géographiques, spatiaux, sociaux, communicationnels). Pour les définir, Forest convoque plusieurs catégories : localisation : délocalisation, mémoire, technologie de communication, commande à distance, présence à distance, feedback, récursivité, etc. Catégories non-étanches, afin de créer des " éblouissements " par rapprochement inédit, se résumant à trois paramètres :1) systèmes ou " architectures d’information " (information vue comme substance volatile et abstraite) souvent multimédia, avec pour intention de provoquer chez le spectateur des images mentales par associations. 2) invisibilité (l’apparence matérielle n’est pas l’œuvre en soi). 3) principes de relation s’inscrivant dans les développements actuels des réseaux2. L’O-S-I rejoint la conception d’ " œuvre ouverte " d’Umberto Eco, introduisant les notions de système, d’aléatoire et d’implication du spectateur dans le processus proposé par l’artiste.
En relation avec le corps, l’O-S-I est constituée d’ensembles dynamiques d’images mentales et infra-perceptives, de signes visuels et auditifs qu’on retrouve dans l’activité cérébrale3. Nous mêmes, nous sommes un système qui fonctionne dans le cadre d’un système plus englobant qu’on appelle Univers, qui auto-organise lui-même ses observations et qui à son tour régule des sous-systèmes qui dépendent de lui. C’est dans cette perspective qu’il nous faut donc dorénavant considérer l’art. La découverte d’univers défiant la logique (géométries non-euclidiennes de Lobatchevski et de Riemann, Relativité d’Einstein, physique quantique et microphysique où la particule élémentaire devient lisible soit en ondes, soit en corpuscules), qui prouva assez que la nature pouvait échapper à l’ordre du visible, nous y pousse. La Relativité en particulier amena à repenser un espace et un temps n’existant pas en tant que tels, mais plus en catégories de matière organiquement structurée (espace-temps). Historiquement, ces notions ne pouvant plus être regardées, ni traitées comme naguère, tendirent à évoluer considérablement dans les esprits. En 1922, Nikolai Taraboukine, constructiviste russe et critique d’art, annonce ainsi la mort de l’art comme forme déterminée pour un art vu comme " substance créatrice ". Et Valéry dans La conquête de l'ubiquité (1928) d’indiquer que désormais les œuvres du futur " acquerront une sorte d'ubiquité ". On saura, selon lui, transporter ou reconstituer, en tout lieu, un objet ou un événement quelconque, en tant qu’image ou métaphore (le mot grec metaphora signifie " transport ") porteuse de sens, d’émotions et de sensations. Problème à présent résolu presque complètement par les mass-média, Internet, l’espace dominant de l’information avec ses avatars plus récents tels le téléphone cellulaire, le GPS, sans oublier des médias plus anciens (radio, télévision, vidéo) ; les solutions s’avèrent chaque jour plus étonnantes. Le support demeurant plus ou moins visible et tangible, ce n’est plus lui qui constitue le " contenu " artistique intrinsèque.
Dans cette optique, déjà, en 1918, Kazémir Malevitch réalise un Carré blanc sur fond blanc : moment de l’espace ouvert et de l’esprit pur, tableau " aux limites de son cadre "4, qui semble tendre à une quatrième dimension - voire un espace à n-dimensions. Cette dimension n est au reste théorisée par de nombreux artistes de l’époque dont Marcel Duchamp lecteur assidu de Science et méthode et de La Valeur de la science de Poincaré. " Non pas rendre le visible, mais rendre visible " (Paul Klee). Sous l’égide de La Mariée mise à nu par ses célibataires, même (le Grand verre, 1915-1923) de Duchamp, André Breton, en 1942, dans la revue new-yorkaise VVV (1942) évoque la notion de Grands transparents ; soit le mythe comme origine de l’art. Yves Klein, en 1958, conçoit une Exposition du vide à la galerie Iris Clert, comme à la fois dématérialisation de l’œuvre et exposition d’énergies invisibles. Robert Barry, à l’origine du mouvement conceptuel étudiant les " ondes porteuses " depuis 1968, réalise, en 1969, une pièce " télépathique ". D’autres artistes " atmosphériques " (Olafur Eliasson, Hans Haacke), s’illustrent sur le sujet. Plus près de nous Roy Ascott, artiste-théoricien de l’art télématique, prône l’existence de moistmedias, un art des médias " humides " transformant les relations entre domaines artificiels et naturels, conscience et monde matériel. Rencontre entre bits, systèmes computationnels, atomes, neurones et gênes, où le corps devient interface et où l’ordinateur est vécu comme environnement en vue de réaliser une redéfinition globale de l’être humain et de son environnement en tant qu’espaces énergétiques en interaction. Sur cette question de l’interface ultime, liant cerveau et informatique (rêve des connexionnistes depuis Mc Culloh), Michael Dertouzous, enseignant au MIT, développe le système de corpo-réseau, synthèse de la machine et du corps, du réseau et de sa métaphore corporelle.5
C’est ce rôle que veut jouer l’O-S-I de Forest en reliant, en une visée transdisciplinaire, des thèmes aussi variés que neurosciences, esthétique, psychologie, linguistique, informatique, philosophie, sciences de l’information et de la communication, physique (électromagnétisme) et dans un certain sens parapsychologie, télépathie, etc. Comme entité complexe, si chaque œuvre est un tout, ce tout est quelque chose d’autre qui ne se limite pas à la somme de ses parties. Elle constitue des sortes de circulations mentales intériorisées et reste de toute façon plus qu’une " unité organique s’individualisant et se limitant dans le champ spatial et temporel de perception et de représentation ", l’acte intellectuel (l’intentionnalité) y prédomine et lui confère une unité. Acte intellectuel qui est susceptible, par rétroaction, d’aiguiser une intuition que l’on peut qualifier de sensibilité associative. L’O-S-I est également une œuvre cognitive. Forest entend le mot cognitif comme relation entre le sujet/récepteur/hébergeur et la réalité de la sensation ce qu’il perçoit et ressent, qu’il convient alors d’analyser de mettre en signes. Une sensation qui serait peut-être l’Esthétique au sens propre ce qu’on ne peut normalement représenter et qui là peut devenir d’un coup " présent " telle une interrogation suscitée : Comment l’art (et comment l’être) peut-il s’adapter au monde ? Pour qu’une telle œuvre naisse, il faut nécessairement la présence de l’Autre. L’O-S-I touche donc à la Vie ; sans cesse à vivre, elle se fait avec des gens, avec du vivant (s’il n’y a personne, elle n’existe pas). Elle touche aussi à la perception, bien qu’elle ne se résume qu’à des indices pouvant témoigner de la présence de quelque chose, d’une œuvre. En quelque sorte cette œuvre cachée absente/présente (in absentia) ne se révèle que lorsqu’elle se sent appelée. Souvent on ne la " voit " pas, car il n’y a pas d’images. Elle peut pourtant être ressentie tout au plus par signes, lumières, sons ; instants où l’œuvre dit quelque chose Ces instants dus à ce que l’artiste-concepteur mettra en place, ne la rendra peut-être pas " visible ", mais au moins perceptible et lisible. Elle ne peut donc se manifester que dans certaines conditions ; devenir visible dès que l’artiste ou le public en signale la présence, Dans certains cas, elle ne peut exister que par la sensibilité du public, de façon à ce que chacun des visiteurs soit un fragment participant à l’ensemble6.
L’O-S-I n’ayant pas de substrat physique, ne s’incarne jamais (au moins totalement) en un objet matériel donné. Plutôt objet mental, œuvre de l’esprit, non-forme, d’une " transparente immatérialité ", s’appuyant sur un échange dynamique et donnant la primauté au relationnel, elle recouvre une pratique artistique inédite pouvant développer des œuvres échappant à la vision commune, en tout point du globe, et dans l'instant même, dans le " ici et maintenant ". Elle agence des configurations données dans l’invisibilité des réseaux, plus ou moins complexes, dans lesquels grâce à la souplesse et la précision que ceux-ci atteignent, l’artiste situe des moyens d’émissions, des moyens de réception multimédia et hypermédia, organisés en système interactifs. Conçue comme " contre-milieu " ou " antidote ", permettant de mieux percevoir le Réel, l’O-S-I selon Forest est plus que jamais un moyen de changer la perception et le jugement.
Louis-José LESTOCART
Fred Forest tout au long des années de son expérimentation artistique a exploré de nombreux champs, allant de l'art vidéo au net.art et de l'Art Sociologique a l'Esthétique de la communication. Il s’engage à présent dans une nouvelle problématique tendant vers une esthétique de la Complexité.
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[1] Selon Mario Costa la pensée philosophique ne peut plus être autre chose que le fonctionnement d’une technologie transférée et traduite sur le mode de la pensée. Thème qui existe déjà dans les flux dématérialisés qui régissent la circulation des valeurs boursiers.
[2] Des mouvements artistiques comme l’Art sociologique (1969) et l’Esthétique de la communication que Forest a co-fondés, s’y sont déjà rapportés et ont été la préfiguration de ce type d’œuvres dont la réception s’effectue de façon collective. L’ " expérience de presse " de Fred, telle la publication d’un espace blanc dans Le Monde (12 janvier 1972), consiste moins dans la présence de ces espaces (435.000 au total) au sein d’un grand quotidien que le processus engagé : la participation active et mentale du public. Un autre événement concocté par l’artiste Parcelle-Réseau (16 octobre 1996) a été faire la vente aux enchères publiques à l’Hôtel Drouot d’un monochrome numérique en ligne. Ces expériences cherchant à modifier la notion même de l'art et redonner à l’œuvre une nouvelle forme, appartiennent à un phénomène communicationnel spécifique qu’on appelle " esthétique de la communication ". L’œuvre se veut un événement de communication dont certains éléments sont ponctuellement " visibles " (objet représenté) et d’autres " invisibles " (tractations autour de la mise en place de l’événement, protocoles, réactions, etc.).
[3] Selon le neurologue Antonio R. Damasio, cette dernière se présente sous la forme d’un paysage continuellement changeant dans lequel figurent des objets plus ou moins lumineux et plus ou moins bruyants.
[4] " Le vivant se transformait en un état d’immobilité morte. On prenait tout vivant, frémissant, et on le fixait sur la toile, comme on fixe des insectes dans une collection. " Kazémir Malevitch, Du cubisme et du futurisme au suprématisme. Le nouveau réalisme pictural (1916), Ecrits I, Lausanne, L’âge d’Homme, 1974, p.56.
[5] On peut noter que ces questions que posent immatérialité et virtualité sont à présent devenues banales pour de nombreuses pratiques artistiques, dont l’art sur Internet ou net.art ; on peut en voir des exemples sur le site de Forest..
[6] Ainsi l’exposition Making Things Public-Atmospheres of Democracy au ZKM de Karlsruhe (2005) montre une sorte d’abstraction algorithmique, un " fantôme " Démon-demos (c’est son nom) de l’artiste Michel Jaffrennou. Des dispositifs d'interaction à distance (200 capteurs dans les murs) liés à des systèmes d'analyse temps réel – en tout une architecture d’Intelligence Artificielle faite de 350 objets digitaux-, collectant des informations sur les visiteurs (présence, gestes, déplacements, positions adoptées entre eux et dans l'exposition) créent, pas à pas, les états du " fantôme " du public ; un " invisible signifiant " en quelque sorte.
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